Intervenant lors de la journée régionale du SPRO, la sociologue Solveig GRIMAULT a présenté des pistes pour construire avec le territoire les ressources utiles à un projet, soulignant l’intérêt pour les professionnels de nouvelles formes de médiation, au service d’une orientation expérientielle, itérative des publics peu autonomes.
Si le Service public régional de l’orientation vise à rendre suffisamment autonome, il va « jusqu'au point où [la personne] est devenue capable de dire et analyser sa situation en lien avec l'environnement social et économique », pour que des pistes d'action puissent se dégager et qu'elle soit en capacité de faire des choix « raisonnablement rationnels ».
Concevoir une stratégie qui soit ajustée à son projet ne va pas de soi. De l’analyse de la demande – où la situation est assez incertaine - à la formulation d’un projet, Solveig Grimault indique que le professionnel doit porter une attention extrême pour aider la personne à « dire » sa situation de façon juste et passer du registre de la plainte à celui de la construction.
Tout ce qui est exprimé par la personne en relation avec son projet, doit être documenté objectivement et précisément. Comment faire avec cette somme d’informations parfois très générales, « savantes », pour produire de l'information « agissante », ayant des traductions concrètes pour la personne ?
Ensuite le professionnel doit travailler l’information savante pour produire de l’information « agissante », ayant de traductions concrètes pour la personne.
Concernant bénéficiaires et professionnels, la sociologue soulève alors la question des conditions de l'appropriation et de l'usage de l'information. Elle souligne l’importance de l’enchevêtrement des « émotions » et des informations factuelles dans le processus d’orientation.
La question de la faisabilité du projet - pour une insertion dans l'emploi durable - et de l'information sur le contexte économique et social local pour l’apprécier, est cruciale pour la personne. Fiabilité, actualité, précision de l'information pour qualifier des débouchés conditionnent la crédibilité de l’accompagnement.
Dès lors, comment fonctionne le marché du travail local et quels indicateurs et données mobiliser pour y déterminer la faisabilité d’un projet ? Quels que soient les sources utilisées – taux d’intermédiation, flux d’offres, enquête BMO (Besoins en Main-d'Œuvre)… - la sociologue rappelle leurs précautions d’usage.
La principale difficulté ici est de « faire parler la donnée » pour en faire une ressource utile au service du projet. Par exemple, un faible flux d’offres de Pole emploi sur un métier pendant un trimestre parle probablement plus de stratégies locales de recrutement diversifiées, que d’absence de besoins pour ce métier.
Enfin, l’information socio-économique ne peut pas tout dire : il faut aussi de l'information d'usage de personnes avisées, qui connaissent les tendances d'évolution des secteurs, et permettent d'interpréter l'information, pour qu’elle soit « intelligente au service du projet ».
À l’image des études réalisées sur le suivi des Contrats de sécurisation professionnelle, et de la Garantie jeunes, Solveig Grimault précise comment toute expérience de travail, même courte, est une occasion de tester et d’affiner un projet, de manière progressive, répétée, et mérite d’être prise en compte dans l’accompagnement.
À l’image des processus de revitalisation de territoires, cette forme d’accompagnement peut générer de l’emploi local en retour en faisant émerger auprès des employeurs des « projets dormants » . Passant dès lors d’une perspective d’offres de travail à celle d’offres d’emploi durable.
Pour aller plus loin :
Carif-Oref des Pays de la Loire, décembre 2016
