Lu pour vous : Reconnecter la formation à l’emploi : le chômage des jeunes n’est pas une fatalité



Dans son dernier ouvrage, Yves Malier, membre, entre autres, de l’Académie des technologies, expose les mécanismes qui ont conduit à une mauvaise considération de la formation professionnelle et technique et les conséquences qui en découlent. Il émet des propositions visant à reconnecter "l’économie, l’emploi et la formation professionnelle".

       
Des réussites cachées

60 % des dirigeants d’entreprises et de filiales de moins de 300 employés dans les secteurs de la production sont issus de l’enseignement technique ou professionnel court (formations complétées ensuite dans le cadre de la formation continue au sein des branches professionnelles). C’est une réalité méconnue. "Taboue", selon Yves Malier, dans un contexte où la poursuite d’études plus générales est trop souvent "présentée comme la solution gagnante pour s’en sortir et réussir".

Pourtant, seuls 3 % des diplômés de Bac pro décrochent une Licence en trois ans (4 % en quatre ans).

   

Une inadéquation entre la formation professionnelle initiale et les activités professionnelles

Parallèlement, alors que 60 % des jeunes issus du collège s’orientent vers des formations technologiques ou professionnelles qui sont supposées préparer directement à l’insertion dans un métier, ils constituent la part la plus importante des jeunes chômeurs.

En cause : l’éloignement entre la formation et la réalité des activités professionnelles, avec des formations devenues trop généralistes, des programmes technologiques réduits mais des intitulés toujours plus complexes (à l’image de ce BTS "spécialités pluritechnologiques des matériaux souples").

 

Un socle fragile

Pour l’auteur, c’est le résultat d’un long processus de déconsidération de l’enseignement professionnel qui par petites touches, le fait vaciller.

En premier lieu, le rattachement des lycées professionnels aux lycées généraux et avec lui, la perte des places d’internat et leur ouverture réduite, contraint au recrutement local, "au mépris de la spécialité désirée par l’élève".

L’absence des représentants d’entreprises dans les conseils d’établissements ne favorise pas l’adéquation entre la formation professionnelle initiale et les activités professionnelles.

On constate par ailleurs, la suppression progressive ou le manque de spécialisation pour les concours de recrutement et les formations d’agrégés, de certifiés, de professeurs techniques et de professeurs de Lycée d'enseignement professionnel (Lep).

L’absence de laboratoire de recherche dédié à la pédagogie et donc l’absence de "stratégie de formation spécifique pour les futurs enseignants des disciplines professionnelles" fragilise un socle déjà mis à mal.

Enfin, le manque de représentativité de l’enseignement professionnel au ministère de l’Éducation et parallèlement l’absence d’autorité du ministère du Travail (auquel est rattachée la formation professionnelle) sur les diplômes, les enseignants, les formations génèrent inévitablement cette déconsidération de l’enseignement professionnel.

À cela s’ajoutent, du côté des entreprises, pour l’apprentissage, une complexification et une inadaptation croissante de la réglementation du travail pour les jeunes de moins de 18 ans. Les chefs d’entreprises "déjà heurtés par cette réglementation dissuasive, doivent en outre enseigner aux jeunes apprentis le socle de connaissances élémentaires à l’employabilité et au travail en équipe que l’école n’a pas su leur inculquer".

  

Une clé pour adapter la formation professionnelle

Au fil des pages, Yves Malier dresse un portrait à charge de la politique menée autour de la formation professionnelle initiale, trop souvent délaissée au profit de l’enseignement général. Parmi les propositions qu’il formule pour améliorer la situation, Il invite particulièrement à renforcer l’analyse économie/emploi/formation professionnelle pour mieux adapter l’offre aux besoins et à davantage faire dialoguer les milieux économiques et l’éducation.

 

Pour aller plus loin 

Emprunter l’ouvrage
Consulter le site d'Yves Malier

        

Cariforef des Pays de la Loire, décembre 2017