Makerspaces : apprendre au contact des autres



De février à juin 2018, le Cnam Pays de la Loire organise un cycle de conférences à Nantes intitulé "Le goût de l’avenir : apprendre demain". Il vise à s’interroger sur nos façons d’apprendre et sur nos capacités d’agir pour demain. La conférence du 10 avril 2018, qui avait pour objet "À quelles conditions le travail collaboratif favorise-t-il notre capacité à apprendre ?" s’est penchée sur le cas des makerspaces.

 
Fablabs,  medialab, hackerspace (…) sont autant de déclinaisons du concept de makerspace. Issu du mouvement des makers (littéralement : ceux qui font), les makerspaces sont des lieux où les individus partagent des ressources (matérielles notamment) pour produire individuellement.

 

La troisième révolution industrielle ?

Ce mouvement est monté en puissance partout dans le monde à partir de 2008, notamment grâce à la renommée des fablabs du Massachussets institute of technology (MIT). En avril 2012, l’hebdomadaire The economist faisait sa une sur cette "troisième révolution industrielle". En 2013, la ministre déléguée à l’économie numérique, Fleur Pellerin lançait un appel à projets pour soutenir le développement des fablabs. En 2014, le président des États-Unis invitait ses compatriotes à devenir "a nation of makers" (une nation de makers).

Derrière ces lieux propices au "Do it yourself" -DIY- (littéralement "fais-le toi-même") sous-tend la volonté originelle des makers : celle de relocaliser les formes de production en transformant le consommateur en producteur. Dans ces lieux, l’individu fabrique lui-même (ou répare) ce dont il a besoin. Toutes les idées sont dignes d’intérêt : "imagination is your limit" (l’imagination est la seule limite).

 

Seuls ensemble

Parallèlement, ces espaces répondent aux besoins de re-proximité physique des citoyens. Car depuis les années 90, les transformations successives du travail ont conduit à l’individualisation. Le makerspace constitue ainsi un lieu collectif alternatif, qui ne concerne pas le travail. On y est "seuls ensemble". 

Dans le makerspace, chacun est invité à faire par lui-même, même s’il n’est pas totalement compétent (c’est l’idée de "self reliance" = s’appuyer sur soi-même) et à apprendre en faisant. Mais on peut également y apprendre en observant les autres. On peut les solliciter si besoin : on n’apprend pas tout seul mais au contact des autres via l’entraide.

 

De la créativité à l’économie marchande

Ces nouveaux espaces, hors du monde du travail, sont propices à la créativité. Ils introduisent un nouveau rapport aux autres, dépourvu de hiérarchie où l’attention bienveillante (le "care") prend tout son sens.

Lieux hybrides, les makerspaces mêlent à la fois économie contributive et économie marchande. Car de la création (d’objets, de services…) à la création d’entreprise, la ligne est naturellement poreuse. Certains lieux proposent ainsi des formations payantes, l’hébergement de start-ups, d’incubateurs d’entreprises…

 

Aller plus loin

 

Cariforef, avril 2018

Quelques références disponibles au centre de ressources :